L'économie israélienne
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Dans un contexte géopolitique tendu, l’économie israélienne traverse une période de turbulences sans précédent. La guerre avec le Hamas, qui dure depuis près de 11 mois, a plongé le pays dans une situation économique délicate, mettant à l’épreuve la résilience d’un écosystème autrefois considéré comme un modèle d’innovation et de dynamisme entrepreneurial.

Un ralentissement économique marqué

Selon les dernières données de l’OCDE, Israël a connu le plus important ralentissement économique parmi les 38 pays membres de l’organisation entre avril et juin 2024. La Banque d’Israël a revu à la baisse ses prévisions de croissance pour 2024, les ramenant de 3% à 1,5% – et ce, dans l’hypothèse optimiste d’une fin du conflit cette année.

“L’économie est actuellement soumise à une énorme incertitude, liée à la situation sécuritaire – la durée de la guerre, son intensité et la question de savoir s’il y aura une nouvelle escalade”, explique Karnit Flug, ancienne gouverneure de la banque centrale israélienne, aujourd’hui vice-présidente de la recherche à l’Institut israélien pour la démocratie.

Des secteurs durement touchés

Le tourisme, bien que ne représentant pas le principal moteur de l’économie, a été particulièrement affecté. Daniel Jacob, guide touristique israélien, témoigne : “La chose la plus difficile est que nous ne savons pas quand la guerre va se terminer. Nous devons finir la guerre avant la fin de cette année. Si c’est encore six mois, je ne sais pas combien de temps nous allons tenir.”

La construction et l’agriculture souffrent également d’une pénurie critique de main-d’œuvre, exacerbée par l’absence des travailleurs palestiniens et le départ de nombreux travailleurs étrangers. Yoel Amir, PDG de CofaceBDI, souligne : “Nous pouvons faire venir des travailleurs étrangers en Israël, mais ils doivent être professionnels et à plus grande échelle pour apporter un véritable soulagement au secteur.”

Un coût économique colossal

L’économiste Yacov Sheinin estime que le coût total de la guerre pourrait atteindre 120 milliards de dollars, soit 20% du PIB du pays. Cette situation a conduit les principales agences de notation à dégrader la note d’Israël, ce qui pourrait augmenter les coûts d’emprunt du gouvernement.

Le déficit du pays sur les 12 derniers mois a grimpé à plus de 8% du PIB, dépassant largement les projections du ministère des Finances. Cette situation met une pression accrue sur le gouvernement pour mettre fin à la guerre et réduire le déficit – des décisions qui nécessiteront des choix politiques impopulaires.

Des entreprises en difficulté

Selon CofaceBDI, environ 46 000 entreprises ont fermé depuis le début de la guerre, dont 75% sont de petites entreprises. Les prévisions pour 2024 sont encore plus sombres, avec jusqu’à 60 000 fermetures d’entreprises attendues.

“Il n’y a effectivement aucun secteur de l’économie qui soit à l’abri des répercussions de la guerre en cours”, affirme Yoel Amir. Les entreprises font face à une réalité complexe : craintes d’une escalade du conflit, incertitude quant à sa durée, pénurie de personnel, faible demande, besoins de financement croissants, augmentation des coûts d’approvisionnement et problèmes logistiques.

Des signes de résilience

Malgré ces défis, certains indicateurs montrent la résilience de l’économie israélienne. Le taux de chômage, par exemple, est passé à 3,4% en juillet 2024, contre 3,6% en juillet de l’année précédente. Même en tenant compte des Israéliens contraints de quitter le marché du travail, ce chiffre reste relativement bas à 4,8%.

La privatisation récente d’Israel Post, vendue pour 461 millions de NIS (hors dette) à un consortium dirigé par Milgam, témoigne également d’une certaine confiance dans l’avenir économique du pays. Mishael Vaknin, président d’Israel Postal Company, déclare : “Les résultats sont le fruit des efforts de milliers de travailleurs dévoués, qui ont réalisé un retournement de situation qui, il y a seulement deux ans, était au bord de l’insolvabilité.”

Un appel à l’action

Face à cette situation critique, de nombreuses voix s’élèvent pour appeler à une fin rapide du conflit. L’économiste Yacov Sheinin est catégorique : “Si nous sommes têtus et continuons cette guerre, nous ne nous en remettrons pas.”

Le gouvernement israélien se trouve donc face à un dilemme cornélien : poursuivre une guerre coûteuse au nom de la sécurité nationale ou chercher une issue diplomatique pour sauver une économie en péril. La réponse à cette question façonnera non seulement l’avenir économique d’Israël, mais aussi son paysage politique et social pour les années à venir.

Dans ce contexte d’incertitude, la capacité d’Israël à naviguer entre les impératifs de sécurité et les réalités économiques sera déterminante. L’histoire a montré la résilience remarquable de l’économie israélienne face à l’adversité. Cependant, la durée et l’intensité du conflit actuel mettent cette résilience à rude épreuve, testant les limites de l’innovation et de l’adaptabilité qui ont longtemps été la marque de fabrique de la “Start-up Nation”.

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